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Pourquoi ai-je voulu publier ce texte ? Vers la fin de mon secondaire, juste avant de quitter Dakar pour m’installer à Montréal, j’aurai aimé savoir quelles étaient les réflexions, exprimées très simplement par de jeunes étudiants de ma génération durant leur séjour à l’étranger. Ce sont de telles réflexions que j’aimerai faire ressortir au bout de la trilogie Partis Trop Tôt, Trop Loin. Le rôle de ce premier volume, L’Exil, est de planter le décor en jetant un regard sur les réalités de jeunes étudiants étrangers, afin de nous aider à mieux comprendre les difficultés de leur condition.
L’Exil est un roman autobiographique, car j’ai ressenti, à un moment ou à un autre, les émotions de chacun des personnages. Ensuite, pour leurs caractères, leurs personnalités et pour l’histoire en tant que telle, j’ai puisé dans les expériences de vie de mes contemporains. Il s’agit donc d’un témoignage, d’un condensé de faits vécus. Je vais commencer par vous en lire deux extraits. Le premier développe une réflexion de Marième qui est originaire de la ville de Dakar et qui vient de terminer ses études à Montréal. Je l’ai légèrement modifié pour l’occasion, afin d’en rendre la lecture plus facile. Marième se confie ici à une de ses amies. L’extrait débute ainsi:

***

« Tu sais, quand je suis venue ici, je venais tout juste d’avoir dix-huit ans. Je venais de terminer mon Secondaire et mes parents ont fait toutes sortes de sacrifices pour me permettre d’avoir une formation universitaire reconnue partout dans le monde. Évidemment, j’étais heureuse de partir et reconnaissante envers eux. Le seul problème, et ce n’en est pas un petit, c’est qu’ils m’ont envoyée en Amérique du Nord presque sans aucune préparation mentale. Je l’ai compris au fil des années, mais à l’époque je ne réalisais pas qu’étudier à l’étranger, c’était aussi et surtout immigrer temporairement. Je pense même que mes parents ne le réalisaient pas non plus parce qu’après m’avoir fait changer de continent aussi jeune, ils s’étonnent encore aujourd’hui de voir que j’ai beaucoup changé culturellement.

Au moment du départ, tu te dis que tu pars pour acquérir du savoir, des connaissances qui vont te permettre de faire un travail intéressant une fois de retour au pays. Mais cela ne se passe pas toujours comme prévu. D’abord la date de retour n’est pas évidente à fixer. Puis une fois rentrée, la réadaptation n’est pas évidente d’après ce que des amis qui ont tenté l’expérience m’en ont dit.

En vérité, un étudiant étranger est un immigrant, le mot n’est pas fort. Tu vis ici pendant des années et il faut bien que tu t’adaptes, que tu échanges avec les gens, que tu changes certaines de tes habitudes parce que l’environnement est très différent de celui que tu connaissais, etcetera. En plus, l’étudiant étranger est un immigrant qui a moins de droits que les autres parce que dans ses papiers et même dans sa tête à lui, il n’habite pas ici. Il est juste de passage quoi, comme un touriste de longue durée qui doit se prémunir d’une assurance-maladie privée et qui doit renouveler régulièrement son visa.»

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Le second extrait est une réflexion d’Ousmane dans un train quittant une banlieue de Paris. Il est lui aussi originaire de Dakar mais il est allé faire ses études à Paris. 

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« … Il reconnaît que son continent n’a d’autres choix aujourd’hui que de se développer dans un contexte de mondialisation. Mais il faut avouer que les conditions initiales ne sont vraiment pas les mêmes. Les Africains veulent bien rester chez eux et développer leurs pays, mais il faudrait alors leur permettre de protéger leurs économies et leurs ressources, de même qu’il faudrait tisser avec eux des relations commerciales plus équitables. 

Mais malgré tout, il y en a qui ne partent pas, qui décident de lutter sur place et qui par conséquent font preuve de beaucoup d’ingéniosité pour contourner les obstacles qui se dressent continuellement devant eux. Et ceux qui vivent en Occident font facilement au moins dix-huit heures par jour, minimisent toutes leurs dépenses, et envoient la presque totalité de leur épargne dans leurs villages d’origine. Ce sont des vies entières d’exil pour l’installation de forages et de pompes à eau, la construction, l’investissement dans de petits projets agricoles et commerciaux, et surtout pour une augmentation du niveau de vie de leurs familles. Puis il y a surtout les centaines de millions de femmes restées au pays, qui sont très débrouillardes, très entreprenantes, surtout depuis qu’elles ont accès au microcrédit. Ce dernier a carrément engendré une petite révolution dans la vie des femmes africaines. La dernière fois qu’Ousmane a lu un article là-dessus, les taux de remboursement étaient de près de quatre-vingt dix-huit pour cent. « La dignité malgré la pauvreté », murmure Ousmane tout bas, tandis que le train quitte l’ombre des tours, le béton, les graffitis. »

***

Alors, l’étudiant étranger: c’est toute une histoire ce personnage. Les premiers étudiants étrangers que j’ai connus, sont ceux qui m’ont élevée, à savoir mes parents. J’ai passé mon adolescence dans une maison où sept années passées en France avaient fait de Maman une ingénieure statisticienne, ancienne soixante-huitarde, et poète à ses heures; et où douze années passées au Canada avaient fait de Papa un administrateur de projets très pragmatique, avec toujours une blague amusante à partager. Imaginez la scène quand un problème se posait: l’une théorisait pendant des heures sur la cause du problème pour que cela ne se reproduise plus jamais, tandis que l’autre cherchait une solution pour tout régler tout de suite car dans une heure il avait autre chose à faire. J’ai énormément appris des deux et je les en remercie.
Ayant souscrit à l’adage selon lequel les voyages forment la jeunesse, mes parents ont bien évidemment tout fait pour m’envoyer étudier à l’étranger après mon secondaire. J’étais censée aller à Bordeaux, en France pour y faire un Deug en Mathématiques Appliquées aux Sciences Sociales. Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, un blocage administratif a empêché l’obtention du visa pour la France à temps et j’ai manqué les cours préalables à ma formation. Je ne pouvais donc pas commencer le programme. En plus, le système français est tel que si l’on rate la rentrée universitaire de Septembre, il faut attendre l’année suivante pour suivre son programme. Mes parents ont dit non. Il fallait que je commence l’université en Occident et le plus vite possible, pas dans un an. C’est là que mon père, tout fier, a dit à ma mère qu’il y a une région francophone dans le monde avec des universités bien reconnues sur le plan international et qui commencent leur programme aussi en janvier: bien sûr, le Québec. Ils ont trouvé que c’était une excellente idée, ils ont vidé leur compte d’épargne et je me suis retrouvée trois mois plus tard, le 4 janvier 1997 avec ma petite valise à l’aéroport de Mirabel.

Nouvelle génération d’étudiants étrangers à l’aube du millénaire. Nouveaux objectifs. Pour les parents, c’était différent, ils partaient en véritable pionnier. Ceux qui revenaient en Afrique avaient des pays nouvellement indépendants à diriger. On peut critiquer la façon dont cela a été fait, moi la première, mais il faut absolument reconnaître qu’ils ont réussi quelque chose d’essentiel: nous, leurs enfants, sommes nés dignes sur des terres libres. Même si cette liberté est encore partielle par endroits, elle est bel et bien là, il ne reste qu’à poursuivre le travail entamé. Il y a aussi ceux qui sont restés en Occident après leurs études et grâce à qui lorsque je dis que je suis Africaine, n’importe qui, dans les coins les plus reculés de la planète, a à peu près une idée de ce que c’est, un Africain. Et ça aussi c’est important.

Qu’en est-il maintenant de la nouvelle génération ? Quelles sont nos défis ? Parmi les étudiants étrangers Africains, il y en a qui sont déjà retournés sur le continent pour y travailler, et il y en a qui sont restés vivre en Occident. Quel est le bon choix ? Je ne sais pas s’il existe. La première fois que l’on quitte son pays d’origine, on subit un traumatisme dont on ne mesure la profondeur que bien des années plus tard. Chacun le vit différemment, ce qui fait que chacun en guérit différemment. Puis quelque soit le choix que l’on finit par faire, on a toujours cette impression plus ou moins marquée, d’avoir manqué quelque chose, une autre vie, ailleurs. Moi je suis fortement contre le regret. Je ne me tourne vers le passé que pour y puiser des solutions d’avenir. Autrement, cela ne m’est d’aucun intérêt. Voilà ce que je propose: que chacun d’entre nous, membre de la diaspora, soit définitivement conscient que nous travaillons pour l’Afrique et pour le monde à chaque fois que nous nous rendons utile dans une œuvre digne et humaine. Grâce aux nouvelles technologies de l’information, l’important n’est plus tellement de s’enraciner sur une terre, sur un lieu géographique, mais plus de s’enraciner dans un réseau - ici Africain et j’ajouterai Africophile, comme l’aurait dit mon amie Khady Beye, pour inclure tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique quelque soit leurs origines. Il s’agit ensuite de garder le contact avec les membres de ce réseau où qu’elle se trouve dans le monde, et en même temps de travailler avec les gens qui vivent autour de nous en Occident d’où qu’ils viennent, le tout pour apporter une contribution à l’humanité toute entière. Si nous arrivons à intégrer ceci très tôt, nous irons loin, l’Afrique avec, et le monde avec. Ce livre dont nous faisons la promotion aujourd’hui est une petite contribution dans ce sens. J’écris et je continuerai inch Allah d’écrire car nous sommes une nouvelle génération d’Africains dans une nouvelle page d’Histoire du Monde et il faut que nous fassions entendre notre voix. Ce texte, je vous le dédie à tous. Merci.

Ndack Kane

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Ndack en Quelques Lignes

  • Auteure de la trilogie Partis Trop Tôt, Trop Loin
  • De nationalite sénégalaise
  • Candidate au doctorat en économie à l'Université du Québec À Montréal
  • Recipiendaire du Prix du Meilleur Mémoire de Maîtrise du Département de Sciences Economiques de l’UQAM en 2004
  • Admiratrice d'Emile Zola
"Bonjour,

Merci à tous d’être venu me soutenir pour le lancement de mon premier roman. Je suis reconnaissante envers mes parents et amis, ainsi qu’aux organismes communautaires et universitaires d’avoir bien voulu diffuser l’information de cet évènement. 

Je remercie vivement Ali Diallo et la toute nouvelle équipe des Éditions Phoenix, qui sont basées aux États-Unis. C’est grâce à cette maison d’édition que mon manuscrit a quitté le disque dur de mon ordinateur pour être disponible au public. Je dis bravo à Bara Mbaye, graphiste résidant au Sénégal, pour avoir su reproduire mes écoliers imaginaires sur la couverture du livre. Je remercie également Khady Beye des Conceptions KB et Idiatou Diallo de l’agence PluriCom, basées toutes deux ici à Montréal, d’avoir organisé ce lancement. Nous sommes tous des jeunes qui débutons dans le métier avec nos propres moyens, et nous avons travaillé ensemble malgré les distances qui nous séparent, grâce aux nouvelles technologies de l’information. Nous espérons que vous apprécierez ce fruit de notre première collaboration.
LE DISCOURS DU LANCEMENT DE L'EXIL
Le lancement s'est tenu au pub Quartier Latin de Montreal le 7 Octobre 2009 en presence d'une centaine de personnes venues soutenir l'auteur et acheter son roman.  Les medias et des membres de l'Universite du Quebec a Montreal etaient egalement presents.  La soiree fut un grand succes pour l'auteure.
Auteure de L'Exil